Les évidences sont les choses les plus compliquées à expliquer… Oui, je crois en la Personne Vivante du Christ ! Est-ce si tabou ou ringard aujourd’hui de croire qu’on ne peut même plus l’exprimer sans être taxé de « psy », d’illuminé, d’endoctriné, d’arriéré, etc… comme si croire était la maladie honteuse de notre siècle, une épidémie dangereuse qu’on cherche à éradiquer à tout prix ! et bien soit, je veux bien être contagieuse !
Pourquoi je crois ? Ma foi prend son germe dans le lointain de mon enfance où, levant les yeux vers l’intensité d’un ciel bleu profond, j’ai souvent été saisie de la certitude d’une présence infiniment aimante au cœur de ce monde. J’avais six, sept, huit ans, je ne sais plus, je ne me souviens que cette certitude qui s’emparait de tout mon être, de « toute mon âme » ! Je ne saurais expliquer le pourquoi de cette évidence, mais peut-on expliquer l’amour ? Quand deux êtres se rencontrent et que leurs cœurs s’attirent grâce à une mystérieuse alchimie qu’on appelle le coup de foudre, on peut chercher toutes les explications rationnelles, chimiques, physiques, psychologiques… tout n’explique pas cette fusion, cette attirance qui d’un seul coup enracine en vous la certitude que celle ou celui que vous venez de rencontrer est LA personne de votre vie ! On pourrait bien tenter de vous dissuader du contraire, votre cœur, lui, sait et le doute ne vous est pas permis !
Il en est ainsi de « ma » rencontre ! Une intime conviction qui ne m’a jamais quittée ; comme le coup de foudre qui s’inscrit dans une relation profonde et durable avec l’élu de son cœur, cela n’a fait que se renforcer et s’implanter davantage dans toutes les cellules de mon être dépassant ainsi l’affect de mon cœur et de mes seules émotions ! On peut bien en rire, cela ne change rien au fait ! L’amour ne se commande pas plus qu’il ne se décommande ! Il se vit de l’intérieur !
Pourquoi le Christ ? Parce que petit à petit, comme l’amoureux qui se laisse découvrir chaque jour davantage, c’est Lui qui s’est donné à moi en se dévoilant à travers mille occasions. Il s’est imposé sans contrainte, remplissant mes espaces, mes rencontres, mes silences puis mes prières. Tout comme une simple odeur, une couleur, ou une musique suffisent pour que surgisse un souvenir à notre mémoire, la personne du Christ imprègne tous mes pensées. Je ne vois, ni n’entends, ni ne sens rien, qui ne soit emprunt de l’odeur du Christ. Pourquoi ? Je l’ignore ! Se pose-t-on la question de savoir pourquoi la vanille, la violette, la lavande, le jaune, le bleu ou encore une chanson nous inspirent une multitude de souvenirs et pas aux autres ? Bien sûr que non ! Certes le Christ n’a pas d’odeur mais Il laisse une empreinte indéfinissable, une couleur émotionnelle particulière… sans doute différente pour chacun.
Ma foi dans le Christ est une foi en une personne vivante, réelle, incarnée. Certes il y a l’Institution, mais ma foi dépasse ce clivage dans lequel on veut tous nous enfermer. Je crois en l’Eglise, celle du Christ ! Celle de la terre est forcément imparfaite car composée d’hommes et de femmes, on ne peut pas demander à quelqu’un d’être parfait ou irréprochable, c’est mission impossible. La plus grande Sagesse est de se reconnaitre complètement indigne d’appartenir à l’Eglise du Christ, moi la première ! Aussi affable que je voudrais être, je ne suis qu’une misérable bougresse limitée avec des sentiments, des penchants, des défauts, des pensées souvent bien peu avouables, c’est ça ma part d'humanité et la nôtre à tous ! Alors pourquoi voudrais-je que les autres, les « piliers » de l’Eglise catholique soient différents de ce que nous sommes tous ? Parce que je crois au Christ ? Non, croire, avoir la foi ne rend pas forcément meilleur, mais croire, avoir la foi, c’est admettre que je suis pauvre en amour, pauvre de cœur, pauvre en tolérance, pauvre de tout ce en quoi j’aspire de beau, de fort… Je suis profondément pauvre mais pas désespérément car Le Christ est mon chantre d’amour, mon modèle, ma source d’inspiration comme le devient l’autre quand on est amoureux !
Ce ne sont pas les « hommes » d’Eglise qui sont mes modèles mais bien la figure du Christ ! Trop souvent aujourd’hui, on fait l’amalgame ! Aussi saints certains peuvent-ils être, il y a toujours une part d’ombre en eux ! Ce qui faitjustement leur beauté et leur sainteté, c’est cette volonté qu’ils ont de vouloir (ce qui ne veut pas dire pouvoir) refléter celui en qui ils croient. Il faut bien souvent toute une vie pour y arriver donc une sacrée dose de persévérance. Quant à ceux qui chutent en chemin et du coup défigurent l’image même du Christ, ils ne sont pas différents des éducateurs, des politiques, des célébrités, et même de certains parents, qui utilisent leur fonction ou leur pouvoir pour assouvir leurs pulsions de toute sorte.

Pour ma part, oui je crois, mais je ne suis pas meilleure que quiconque, loin s’en faut. A la lumière du Christ, je prends juste la mesure de mes limites, de ma misère humaine, de mon ignorance et de toutes mes incapacités. Cela ne me rend ni triste, ni accablée, juste profondément réaliste sur tout le chemin à parcourir ! Cela donne corps et matière à ma vie toute entière ! Le cœur a ses raisons et il est libre de croire… ou pas !

Geneviève