Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

au soir de notre vie

~~Au soir de notre vie, lorsqu’en tremblotant nous irons de notre lit au fauteuil et de notre fauteuil au lit, les choses entassées durant notre existence nous paraitront bien superflues !!! Nos yeux voilés ne distingueront plus les objets tant convoités sur les meubles à leur tour démodés prenant la poussière du temps qui s’efface. Un sentiment de futilité remplacera notre vanité d’avoir tant voulu les posséder… d’un geste blasé, d’un regard désintéressé, nous voudrons les chasser comme certains souvenirs qui viendront nous hanter. Oh ! que tout nous semblera dérisoire lorsque de notre lit nous sortirons pour nous affaler au fauteuil puis de notre fauteuil regagner notre lit. Seule la vieille couverture râpée recouvrant nos vieux os grelottants aura encore un peu d’importance ! De nos terres et de nos biens possédés, d’autres les convoiteront, les braderont, les disperseront au fil des générations tandis que nous, de notre lit au fauteuil, de notre fauteuil à notre lit, en tremblant nous irons ! Les heures de labeur et de sueurs pour avoir tant acquis nous sembleront pleines d’arrogance et de vaines prétentions … Avoir fui la dure réalité de la vie qui passe, de la vie qui trépasse derrière une course matérielle effrénée n’a empêché ni les jours ni les années de s’écouler, ni de nous écrouler… le cliquetis de l’horloge posée entre notre lit et notre fauteuil, entre le fauteuil et notre lit, immuablement de son tic et de son tac, marque le pas. Oubliées les révoltes, les querelles du temps passé où nous voulions conquérir le monde, posséder la fortune et la lune. Demain, nos seules richesses seront la caresse d’une main et la douceur d’un geste. Instants magiques qui nous feront sentir que nous sommes un peu en vie, pas encore tout à fait partis. D’espace et de place, nous avions rêvé ; dans une maison spacieuse et claire, nous avons habité… mais, au soir de notre vie, coincés entre notre lit et notre fauteuil, entre notre fauteuil et notre lit, nos besoins désormais amoindris, nos ambitions évanouies, un tout petit réduit nous suffira. De la maison dont nous avions tant rêvée à la maison de retraite où nous achèverons notre course, ou de la belle maison dans laquelle nous nous étions tant investis, à la seule pièce dont nous ne sortirons plus… de trois mètres carrés seulement nous aurons besoin pour mettre notre lit et notre fauteuil, notre fauteuil et notre lit. Nos affections étiolées, nos peines et nos joies évanouies, nous ressasserons les souvenirs des fêtes de nos maisons remplies, alors que seuls, recroquevillés dans notre fauteuil, nous ne reconnaitrons plus les traits brouillés des rares visages qui hâtivement passeront nous voir. De notre mémoire elle-aussi embrouillée, entre deux assoupissements, les images floutées du temps passé comme autant de mirages et de chimères défileront… car du fauteuil au lit, du lit au fauteuil, les réalités s’estomperont au rythme de la vie qui passe, de la vie qui s’efface. Alors que nous serons partis, notre fauteuil et notre lit débarrassés de nos carcasses, nos choses et nos biens possédés, s’entasseront dans les greniers, comme s’entassaient les vieux souvenirs conservés de nos pères et de leurs pères avant eux. Les terres si durement cultivées deviendront les futures aires d’autoroutes ou de zones commerciales, nos maisons abriteront de nouvelles et éphémères générations de familles éparses… Il en est ainsi, aucune richesse n’arrêtera la course du temps, les rois laissent leur royaume, les seigneurs leur domaine, les pauvres leur misère… La mort estompe toutes les différences sociales et nous rend enfin égaux car tous, elle nous oblige à partir sans rien emporter. Du lit et du fauteuil, du fauteuil et du lit, il faudra aussi se débarrasser…

geneviève

au soir de notre vie
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :