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celle qui a vu, celle qui a cru !

6689 paysage paradisiaque[1]                      

L’air est lourd. Sur le chemin qui monte au Golgotha, le sang mêlé à la poussière a séché durant le reste du jour et de la nuit. La pierre a été roulée devant le tombeau, le silence a fait place aux cris, au déferlement de haine, au brouhaha d’une foule déchainée.

Le chagrin écrase les épaules de Marie-Madeleine. Abattement, incompréhension, une douleur lancinante empêche l’air d’aller jusqu’au fond des poumons. Le cœur déchiré, les évènements tragiques de la veille tournent en boucle dans la tête de Marie. L’horreur de la barbarie se répète comme une scène qui n’en finit plus de dégouliner de chagrin sur son âme broyée.

La raison oscille, vacille. Le cauchemar de la veille est bien réel, impossible de se réveiller, d’en sortir. Les pensées qui assaillent la tête, qui secouent  le corps de terribles frissons de dégoût, le cœur broyé, convulsé de chagrin… impossible d’échapper à cette agonie de l’être.

C’est toute la mort du Fils qui habite la vie de la Mère ! C’est toute la mort du Maitre qui habite la disciple !

Ténèbres qui entourent, encerclent, étreignent, déchirent, laminent, creusent, pénètrent. O douleur insupportable que rien ne peut atténuer, douleur épaisse, visqueuse qui tétanise la moindre des cellules des deux femmes blotties l’une contre l’autre  engouffrées dans d’obscures abysses.

Marie-Madeleine se détache de sa sœur de douleur, il lui faut aller au tombeau, le corps déchiré du Bien-aimé, les aromates…, dépasser, sortir de sa torpeur, il faut aller. Aller vers la pierre roulée, rendre un dernier et respectueux hommage  à  la chair meurtrie de l’être tant aimé. Laissant là Marie pétrifiée dans son anéantissement, Marie-Madeleine va….

 

Marie tressaute quelque chose d’indéfinissable semble rendre l’atmosphère moins oppressante, l’air semble plus léger… Est-ce le courant d’air laissé par la lourde porte que vient d’ouvrir Marie-Madeleine ? Oui sans doute… Pourtant Marie lève la tête, la douleur semble moins vive, son âme moins meurtrie… Que se passe t-il donc ? Les brumes opaques de son être se dissipent au rythme que la nuit s’effiloche. Le petit matin se tamise de quelques lueurs à peine perceptibles. Une onde de douceur, de paix pénètre délicatement son être. .. Est-ce possible ? Le chagrin si écrasant des heures passées  semble se dissoudre, la douleur s’atténue, la peine s’estompe, une bise légère effleure son visage, une caresse à peine perceptible soulève ses cheveux défaits par les sanglots de la nuit.

Marie se tend, tous ses sens sont en éveil, déjà Elle est debout pressentant l’impossible. Son intelligence n’ose pas croire ni consentir à cette pure folie mais déjà Son Cœur de Mère sait, sent, devine. Marie cherche autour d’Elle, respire de tout son être. Son âme se dilate comme au temps de l’Annonciation, chaque parcelle de sa chair, de ses sens sont en éveil. Les lambeaux de la nuit finissent de se déchirer pour laisser passer les lumières du jour. La douleur a définitivement cessé laissant la place en une douce joie qui sourde, monte, jaillit en Elle comme un ruisseau délicat qui rafraichit, désaltère, apaise et enchante. Marie respire de tout son être, l’air est frais, léger, euphorisant…. Subitement Marie sent un Amour immense l’envahir, la pénétrer. Une Tendresse inouïe l’enveloppe, la berce… Vraiment est-ce possible ?

« Mon Fils, Tu es vivant, Tu es là ? » ……

La question de Marie n’a pas encore résonné que Marie-Madeleine, toute essoufflée,  rentre en courant dans la pièce : « Il est Vivant, Il est Vivant, Il est ressuscité, le tombeau est vide, je l’ai vu, Il est ressuscité !!! » Marie-Madeleine s’arrête net, elle vient de remarquer le visage radieux de Marie ! Elle se précipite dans ses bras, elle comprend que Marie sait déjà ! Enlacées dans le deuil durant la nuit, les voilà maintenant  louant, chantant, dansant, tournoyant dans cette pièce que le jour éclabousse enfin de sa pleine lumière. Oui Il est Vraiment Ressuscité, la vie a jailli de nouveau, Christ est sorti de son tombeau !

Ô Marie-Madeleine, toi qui es celle qui as vu, ô Marie, toi qui as su, apprenez-nous à devenir ceux et celles qui croient !

 

 

                                       Geneviève(vie-ève) Vignes

   

(textedéposé, reproduction interdite)                                                  

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