Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Véronique

10767 4[1]   

Le Zèle de Véronique !

Véronique, tu prépares la Pâque dans ta maison de Jérusalem quand un brouhaha  de cris et de sanglots attire ton attention. Une foule avance sur le chemin qui monte au Golgotha, des centurions vocifèrent des ignominies, blasphèment et sèment la terreur autour d’eux par les menaces de leurs  lances et de leurs fouets. Des hommes et des femmes se lamentent, gémissent ou crient les bras levés vers le ciel. Quelle est cette agitation ?  C’est alors qu’au bas de la route, tu aperçois un homme ployé sous le poids d’une poutre en bois ! Un homme ? Qu’a-t-il encore d’un homme ? Défiguré, ensanglanté, couvert de crachats mêlés de poussière,  couronné d’épines hirsutes, il  n’a plus visage humain, il n’est que souffrance. Ton cœur est saisi d’effroi devant la vision à peine soutenable de ce supplicié qu’on rudoie et malmène. Comment peut-on rester insensible à toute cette souffrance qui semble exciter davantage les assoiffés de sang qui rajoutent des insultes méprisantes à leurs coups.

Ô Véronique,  tu sens la nausée monter en toi devant un tel spectacle, ces hommes et ces femmes insensibles ricanant et se moquant de cet Agneau silencieux qui monte vers le lieu de son immolation, te font frémir de dégoût. Ces autres hommes et femmes qui se lamentent en se frappant la poitrine mais qui restent à distance de peur des représailles des soldats  romains déchainés par la haine, t’attristent par leur lâcheté ! Ton être frémit, secoué par l’insoutenable scène, par la violence des uns, la résignation des autres… et le silence surnaturel de celui qui, sans mot dire, sans cris de douleur, avance sur le chemin de son calvaire.  Épuisé par son immense fardeau, il avance péniblement, titube puis trébuche à quelques mètres devant ta maison.

Ô Véronique, tu ne te contiens plus, c’en est trop. Tu n’écoutes que le battement de ton cœur, déjà tu t’élances à travers la foule qui te bouscule mais tu ne t’arrêtes pas, tu braves le passage des gardes qui, surpris de ton audace, n’ont pas le temps de t’empêcher d’avancer. Dans l’élan de ton âme généreuse, tu te jettes au pied de l’homme à terre qui tente de se relever  sous les coups de ses bourreaux. Tes yeux se posent avec effroi sur la face  méconnaissable qui s’offre à toi. Ô Véronique, saisie d’une immense compassion, tu arraches ton voile pour éponger la sueur, le sang, les ruisselas de crachats et de boue qui collent au visage du supplicié. Tu voudrais faire plus, humecter sa bouche desséchée, nettoyer ses paupières tuméfiées mais on ne t’en laisse pas le temps. Tu es saisie par les soldats qui te maudissent pour ton zèle, pour  ton audace et ils  t’arrachent de l’étreinte de leur victime. Sans ménagement, vexés d’avoir été bernés par le courage d’une simple et fragile femme, ils te rejettent sur le chemin.  Tu regardes celui qu’on soulève sans ménagement et à qui on oblige de reprendre la marche macabre. Tu restes là, pétrifiée par tant de cruauté.  La foule s’écarte pour ne pas te piétiner. Tu l’entends s’éloigner, seules les injures de quelques uns  dominent  le brouhaha qui peu à peu s’atténue.

Abasourdie par  la cruauté des bourreaux et la  lâcheté des badauds,  tu saisis ton voile pour y fondre en larmes quand, le déployant, tu découvres l’empreinte du visage laissée par celui que tu as essuyé. L’icône figée sur la trame du tissu est l’ultime récompense pour ton geste de bravoure envers celui que tu as tenté de soulager.

Véronique, apprends-nous cet élan du cœur qui nous fait accourir au secours de ceux qui souffrent sur notre route. Enseigne-nous cette générosité toujours croissante envers ceux qui n’ont rien, donne-nous ton regard de  compassion sur les méprisés du chemin. Véronique, donne-nous ton courage, ton zèle et ton audace malgré la foule trop nombreuse des impies. Extirpe-nous de nos tiédeurs et de la  peur de ne pas oser montrer à ceux qui nous calomnient que nous croyons en Celui qui a tout donné pour nous et... pour eux !

Véronique, comme toi, fais de nous de vibrants témoins, audacieux et généreux, prompts à aimer, prends-nous par la main et à ton exemple de femme qui défie les mécréants du calvaire, imprime en nos cœurs le Visage du Condamné pour que, jamais,  on ne puisse l’oublier.

           Geneviève (vie-ève)

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :